Antiquaires et brocanteurs : démêler le vrai du faux

Antiquités, brocantes, vide-greniers, bric à brac, foires, marchés, farfouilles, braderies... Mais comment s'y retrouver et s'en sortir ? On vous aide à démêler le vrai du faux sur les antiquaires et brocanteurs.

Antiquaires et brocanteurs : démêler le vrai du faux
© Sébastien Siraudeau / Foire de Chatou

Il existe de nombreux clichés sur les antiquaires et brocanteurs type "ils sont chers" ou encore "ils ne sont pas honnêtes" mais depuis 30 ou 40 ans, la profession évolue et ces multiples stéréotypes ne sont plus d'actualité. On a démêlé le vrai du faux pour vous aider à vous en sortir dans le monde des antiquités et faire de meilleurs investissements.

"Les antiquaires s'adressent à une clientèle haut de gamme"

PAS PARTICULIÈREMENT. Aujourd'hui, il existe des antiquaires pour tous les goûts et toutes les bourses. On peut trouver de nombreuses pièces de qualité et pleines de charme à des prix très attractifs. Il faut simplement s'adresser aux bonnes personnes, être curieux et prendre son temps pour trouver ce que l'on recherche. Il faut également bien se renseigner et ne pas hésiter à poser des questions aux marchands. Mieux vaut voir beaucoup de choses avant de s'engager, surtout si le budget est limité.

On peut plus facilement faire confiance aux antiquaires sur des meubles du XIXe siècle que du XXe. © Cécile Debise / Journal Des Femmes

"On ne peut pas faire confiance aux antiquaires"

FAUX. Comme dans toutes les professions, il y a des antiquaires moins qualifiés que d'autres. Cependant, le métier évolue, il y a globalement plus de marchands pointus et on peut de plus en plus faire confiance aux antiquaires. 90 % d'entre eux sont des gens passionnés par leur métier et si le client est réellement intéressé, le système de confiance s'installera plus facilement. Bien sûr, les antiquaires sont des commerçants, leur but est de faire de la marge et de fidéliser la clientèle. Si certains proposent des prix un peu trop élevés, cela ne représente qu'une petite partie de la profession.

Pour mieux faire confiance, il faut tout d'abord se renseigner sur internet afin d'avoir un maximum d'informations sur les antiquités et marchandises. Il ne faut pas hésiter à demander une facture et un descriptif précis. Ainsi l'antiquaire s'engage et en cas de soucis, on est assurés. En fait, on peut acheter partout si on a les connaissances. Sinon, il ne faut pas hésiter à mettre en concurrence les marchands, se faire accompagner par quelqu'un de plus connaisseur ou bien engager un expert pour profiter de conseils avisés.

Tout ce qu'on trouve en général chez les antiquaires est authentique. © Jacques Palut / 123RF

"Tout ce que l'on trouve chez les antiquaires est authentique"

PLUTÔT VRAI. A la base, tout devrait être ancien et authentique et c'est le cas chez la plupart des antiquaires. Lorsqu'ils achètent et choisissent des pièces, ils vérifient toujours l'état du meuble ou de l'objet et le travail de restauration qu'il y a à faire dessus. Cependant, il est de plus en plus difficile de trouver de la marchandise ancienne. Tout ce qui est tendance aujourd'hui, comme les pièces de style industriel ou des années 1960-1970, est beaucoup copié. Il y a beaucoup de faux et il faut se méfier des arnaqueurs : ils ne sont pas nombreux mais mieux vaut s'entourer de toutes les garanties pour éviter un quelconque problème. Il est nécessaire de discuter avec le commerçant, quitte à le pousser parfois dans ses retranchements afin qu'il soit honnête sur la provenance de la pièce ou qu'il fasse un effort sur le prix. Se renseigner encore et encore est important mais tout dépend de ce que l'on veut acheter et si l'on souhaite un objet juste pour son aspect déco ou pour sa valeur.

"Il faut toujours négocier le prix"

VRAI. Evidemment, l'antiquaire sera content de vendre plein pot mais de façon générale on peut marchander. Cela fait partie du jeu et ce n'est absolument pas mal perçu par le marchand. Il n'y a en revanche aucune règle en terme de négociation. Cela dépend de l'antiquaire et de sa relation avec le particulier. Globalement, on peut espérer une remise de 20 %. Il faut surtout faire attention à ne pas se mettre à dos le marchand. Pour cela, mieux vaut demander poliment "Etes-vous êtes prêt à faire un effort ?" qu'annoncer directement un prix bien inférieur au prix annoncé. Il convient aussi de prendre en compte un certain nombre d'éléments comme l'actualité, l’attachement à la pièce ou l'heure de la journée. La négociation est entièrement liée au climat entre le commerçant et le client. D'ailleurs, le marchandage devient souvent plus intéressant s'il est entouré de respect, de politesse, d'humilité, de curiosité et de patience.

Les brocantes en lignes ne sont pas moins bien que des boutiques d'antiquaires. © Cécile Debise / Journal Des Femmes

"Les brocantes en ligne sont moins bien"

TOTALEMENT FAUX. Les boutiques en ligne sont simplement différentes. Pour certains objets d'art, il est préférable de voir en vrai et de prendre en mains mais il y a plein de choses que l'on peut tout à fait acheter sur internet sur des sites spécialisés types Selency, Proantic ou Anticstore. Il faut faire attention cependant au rendu photographique car certains objets rendent mieux en photo ou, au contraire, parce que la luminosité n'est pas optimale ou le photographe non-spécialisé, ils ne sont pas mis en valeur. Par exemple, le bois sculpté, les tableaux ou la terre cuite sont plus difficiles à acheter sur internet. Cela dépend également de la sensibilité de chacun : certains achètent pour le marchand et un moment plus que pour l'objet seul, d'autres préfèrent le côté plus pratique et impersonnel d'internet.

"Les antiquaires sont mieux que les brocanteurs"

ERREUR FATALE. "Antiquaires" et "brocanteurs" sont surtout des terminologies choisies par les marchands. Cela dépend souvent de leur orgueil et la différence peut être minime : le brocanteur vend l'objet avec sa vision et présente toutes les pièces, tous les étages de la maison, tandis que l'antiquaire nécessite de présenter l'objet de façon plus pointue car il engage plus sa responsabilité. Il n'y en a pas un mieux que l'autre et il ne faut surtout pas s'arrêter sur le terme. Certains "brocs" présentent des pièces extraordinaires avec un professionnalisme exceptionnel et une grande qualité de marchandise. Certains antiquaires sont moins professionnels qu'ils ne devraient l'être.

"Les antiquaires disparaissent peu à peu avec internet"

VRAI ET FAUX. En fait, ils ne disparaissent pas, ils se déplacent. Avant, il y avait des "brocs" partout. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus sur des salons, des foires ou sur internet. On peut même trouver des pièces d'exceptions sur eBay ou Leboncoin. Les antiquaires bougent moins de chez eux, il y en a donc de moins en moins en province et les commerces et de boutiques ont baissé de 20 % à 30 %.

Miroirs soleil en rotin chinés © Cécile Debise / Journal Des Femmes

"On fait vraiment de bonnes affaires dans les foires"

VRAI. Les amateurs, connaisseurs ou petits curieux peuvent faire des bonnes affaires absolument partout. Dans les foires, les salons, les vide-greniers, les bric à brac, les braderies ou chez les grands antiquaires, c'est pareil. Cela ne dépend pas du lieu mais de la personne, de ses qualités professionnelles et humaines, ainsi que des échanges lors de la rencontre.

Les événements à ne pas louper :

  • La braderie de Lille. Gigantesque, elle est à faire au moins une fois. On y trouve un large choix de pièces et d'objets pour toutes les bourses et toutes les envies.
  • Les Puces de Saint-Ouen. A Paris, elles sont incontournables. C'est un passage obligatoire pour toute personne qui souhaite découvrir le domaines des antiquités et comprendre leur fonctionnement.
  • La Foire de Chatou ou le Salon Antiquité-Brocante de Bastille à Paris, pour leur convivialité, pour le lieu mais aussi pour les antiquaires de confiance qui s'y retrouvent.

(Merci à William Vonthron, président de la CEFA compagnie d'expertise et antiquaire, pour ses conseils.)