Hélène Barrier, créatrice d'Iconoklastes.
Pourquoi
elle aime travailler et créer avec le textile - Mon travail de plasticienne
textile a commencé par la découverte de la sérigraphie, qui m?a donné envie de recycler
de vieux tissus par le biais de l?impression de motifs et de couleurs. Ces textiles
sont devenus peu à peu des petites sculptures, aux formes animales ou
anthropomorphes, construites à partir de tissus de récupération (vêtements,
draps, tabliers, sacs postaux?), ensuite teints, brodés et sérigraphies à la
main. J'ai ensuite appris à travailler le feutre, puis à tricoter et surtout à
crocheter et ensuite à broder, pour mixer les différentes techniques et varier
les supports. Je travaille de façon un peu impulsive, avec l?envie d?un objet,
d?une matière, comme un fantasme à atteindre. Et pour réaliser ce rêve, j'apprends
les techniques dont j'ai besoin ou je propose des collaborations, car ces
rencontres sont toujours riches d'échanges.
Son textile de prédilection - Laine,
soie, lin, dentelle, tous types de tissus? Les textiles de récupération donc, et
aussi la laine brute ou à feutrer, les écheveaux de laine, les fils à broder.
Sa création - Pour la Biennale Déco & Création d?art, je présente deux pièces :
un fauteuil brodé, Mitch, et un matelas brodé, en collaboration avec
Le Lit National.
Cette dernière pièce est en fabrication et sera montrée pour la première fois
là-bas. Mitch est inspiré par le film mythique La Nuit du chasseur de
Charles Laughton (1955). LOVE et HATE sont les premières broderies posées sur
les bras véritables du fauteuil entamant sa seconde vie. J?ai voulu, à partir
des deux simples tatouages inscrits sur les mains du faux pasteur, imaginer
comment il pourrait être recouvert d?autres dessins sur tout le corps. Imaginer
aussi cette dualité incarnée et à jamais enfermée dans le corps lourd du
fauteuil. Tout le fil bleu qui en découle retrace l?épopée nocturne et
fantasmagorique des enfants en fuite, poursuivis par cet ogre, dans une nuit
grouillante, peuplées d?animaux, au rythme de la rivière, dans cette nature où les
bêtes ont elles aussi leurs prédateurs? Il a nécessité plus de 200 heures de
travail, de la conception à la broderie, en passant par le dépeçage et le
revêtement. La complicité avec la tapissière Caroline Bourgeois a permis
d?avancer pas à pas dans la construction de cette pièce.
© Image de gauche: Ian Rivera/Image de droite : Hélène Barrie