La créatrice Leonor Mataillet "Silhouettes, fleurs et typo sont les trois éléments principaux de mes créations"
Pouvez-vous nous parler de vos collections ?
Mes collections sont toujours issues d'histoires personnelles et traitent généralement de la Vie : la nature, les humains, la religion, le voyage...
J'ai dès le début commencé à travailler à partir de silhouettes. C'est assez drôle parce qu'à l'époque ce n'était pas un choix commercial, c'était au contraire très marginal en déco. En fait, mes créations sont souvent composées de trois éléments : les silhouettes, les fleurs et une typo. Cette dernière vient comme une sensation de contraste. J'aimais bien ce côté typo au style presque urbain. Je m'en sers comme d'un réel motif. C'est une touche de couleur supplémentaire. Après, en fonction des collections, j'ai utilisé des mots ou des phrases appropriées. C'est un jeu autour du thème de chaque création. La nature, elle, a une place assez omniprésente : il y a, dans chacune de mes créations, une référence. J'aime le contraste entre la typo plus urbaine et les motifs plus végétaux, mais aussi entre les matières et les couleurs, comme s'il y avait quelque chose d'inattendu, de surprenant.
Quant aux silhouettes, elles représentent de manière assez universelle les êtres humains. Puisqu'ils n'ont plus de visage, ces personnages deviennent intemporels et impersonnels. Cela me paraît être la meilleure représentation pour communiquer une sensation, un sentiment, une émotion susceptibles d'être reconnu par tous. Côté matières, j'utilise toujours des produits nobles et naturels : le lin, la laine, le cachemire, le coton, la soie, la faïence, le papier... Cela ne me viendrait pas à l'esprit d'utiliser autre chose.
Comment définiriez-vous votre style ?
C'est toujours difficile de parler de son propre style. Les gens me disent souvent que c'est "assez épuré, poétique, narratif..." On me dit aussi que mon univers est plutôt féminin. Mais comme je suis une femme, mon travail passe forcément par une certaine sensibilité.
"Tout ce qui touche au singulier, parle au pluriel"
De mon côté, j'essaie toujours de faire référence à une mémoire collective. Faire quelque chose d'innovant m'attire moins que faire quelque chose qui touche. Je ne veux pas être dans "du jetable". Je souhaite que mes créations soient quelque chose que l'on ait envie de garder dans le temps et qui rappelle des souvenirs. Je travaille beaucoup autour des icônes religieuses. Elles font référence à notre culture, à une connaissance ancrée chez nous, que l'on soit croyant ou non. Je pars du principe que tout ce qui touche au singulier, parle au pluriel. C'est-à-dire que ce qui me touche, touche forcément autrui car je ne suis en rien différente des autres. Nous sommes tous faits pareils, nous tombons tous amoureux, nous avons tous suivi les mêmes grandes lignes.
D'où vous vient l'inspiration ?
Je puise mon inspiration à travers des rencontres, des voyages ou encore dans la vie quotidienne. Mes collections sont très narratives et racontent toujours quelque chose. Les thèmes sont souvent liés aux voyages (Thaïlande, Vietnam) et se construisent autour d'un imaginaire. Mais l'inspiration me vient naturellement. Je n'ai pas besoin de partir en voyage pour créer une nouvelle collection. Cela vient par la suite, avec le recul. Je m'inspire aussi beaucoup des moments de vie, de ce qui m'entoure et me nourrit.