Block print : zoom sur la tendance des textiles imprimés au bloc
D'un autre âge, le block print fait fureur cette saison en déco. Coussins, plaids et autres textiles d'ameublement se parent de motifs traditionnels et ethniques, imprimés à la main au bloc de bois. D'où vient cette technique d'impression ? En quoi consiste-t-elle ? Comment l'adapter à sa déco ? On fait le point.
Alors que le numérique a renouvelé les techniques d'impression, un procédé presque antique revient sur le devant de la scène déco : le block print ou impression au bloc. Morceau de bois taillé et sculpté à la main, encre d'origine végétale, textile naturel... Avec le block printing, il est question de retour au naturel, d'artisanat et de valorisation du geste manuel. Et qui dit manuel, dit imperfection. Un textile imprimé au bloc de bois a ce petit côté imparfait et craquelé qui apporte de l'authenticité à une décoration intérieure. Des marques comme Caravane, Skinny laMinx (collection Diggy Dot), Paris au mois d'août (luminaires en voile de coton) ou encore La fiancée du Mékong proposent des collections fabriquées suivant cette technique. Le métissage des styles étant la clef de voûte d'une décoration réussie, on associera des pièces block print, d'influences plutôt ethniques, à des textiles unis pour mieux mettre en valeur la richesse de cette impression artisanale originaire d'Inde.
Les origines du block print
C'est en Inde - et plus précisément dans le Nord de l'Inde - que la technique d'impression au bloc a vu le jour. Elle date assurément du XIVe siècle. Néanmoins, son origine pourrait remonter à -2 000 ans avant Jésus-Christ. C'est dire si elle est ancienne ! Au XVIe siècle, on retrouve sa trace sur les indiennes rapportées en Europe, très présentes en décoration, ameublement et habillement.
Au XIXe siècle, alors que l'Inde est une colonie britannique, les techniques de tissage et d'impression manuelles sont quelque peu mises de côté au profit d'une fabrication plus industrielle. C'est après l'indépendance de l'Inde en 1947 qu'on assiste à un retour à l'artisanat et au block print.
Puis dans les années 1960-1970, en pleine vague hippie, cette technique d'impression textile connaît une seconde jeunesse. Les dessins traditionnels indiens apposés à l'aide de teintures naturelles d'origine végétales sont rafraîchis par les designers : les motifs sont revus et agrandis, imprimés avec de nouvelles couleurs, s'intégrant plus facilement aux univers de la mode et de la déco. C'est le cas de la designer textile Brigitte Singh ou encore de la marque Caravane qui, dès sa création en 1995, met en avant le block print.
La technique
Pour le block print, tout part des arbres ! En particulier du bois de rose dont on se sert traditionnellement pour tailler le bloc qui servira à l'impression. Le morceau de bois est choisi dans le cœur de l'arbre et ne doit contenir aucun nœud. Une fois sculpté, le bloc de bois peut être cerné de lignes d'acier ou agrémenté de petits clous pour affiner le dessin. Sculpter un bloc de bois pour l'impression prend du temps : entre quatre et six jours, à la main et au millimètre près. Une telle précision fait que les ébénistes indiens spécialisés dans la taille de blocs de bois sont très recherchés.
Un bloc taillé correspond à une seule couleur. Un dessin étant généralement constitué de plusieurs couleurs, il faudra utiliser plusieurs blocs successivement pour imprimer un tissu. Chaque région d'Inde a ses propres couleurs et dessins, ce qui confère un aspect presque tribal aux pièces imprimées. Sur le tissu, les motifs peuvent être imprimés en continu (all over) ou placés à des endroits précis.
L'impression se fait par une pression de la main sur le bloc. Pour que cette pression - et donc le résultat final - soit la plus uniforme possible, les blocs de bois ne mesurent généralement pas plus de 20 à 25 cm. Une fois imprimés, les tissus sèchent à l'air libre.
Sur quels tissus ?
L'impression au bloc fonctionne globalement sur toutes les matières naturelles : coton, lin, soie... Mais son rendu sera différent selon la matière et le tissage utilisés. Ainsi, Véronique Piedeleu, directrice de Caravane depuis 2011, explique que "l'application sera plus facile et marquée sur de la percale de coton, dont sont faites les taies d'oreiller Caravane, ou du voile de coton mul mul que sur un sofa cover en cadis de coton, une matière qui ne prend pas totalement l'encrage".
A l'achat, il est préférable de privilégier des teintures Azo Free, c'est-à-dire sans colorants azoïques, ni métaux lourds, et bien fixées, pour un meilleur respect de l'environnement.
Quid de la contrefaçon ? Comme toute technique artisanale, il n'est pas rare que l'impression au bloc soit imitée par robotisation. Sur 4 à 5 mètres environ, l’impression est d'abord bien faite manuellement, au bloc... mais digitalisée pour le reste du tissu ! Le moyen pour reconnaître une imitation de block print, c'est d'observer les défauts d'impression : si ceux-ci sont identiques et répétés avec régularité sur le tissu, c'est qu'il ne s'agit pas d'un geste 100 % manuel et artisanal !
Comment entretenir un textile imprimé au bloc ?
Pour nettoyer un textile imprimé au bloc, on privilégiera un lavage manuel à 30°C. Au fil du temps et des lavages, le motif s'affadira toujours un peu, c'est normal : les tissus décorés au block print ont cette caractéristique des produits qui vieillissent bien, lentement mais sûrement.