La petite histoire du siège confident et ses détournements

Vestige du XIXe siècle et caractéristique du style Napoléon III, le siège confident, aussi appelé confidente, est peu à peu tombé en désuétude. Aujourd'hui revisitée par les designers, cette assise se (la) raconte et son histoire vaut le détour.

La petite histoire du siège confident et ses détournements
© Valérie Objects

Confidence pour confidence, à la rédaction, rares sont celles qui apprécient l'esthétique de ce siège qui trouve son origine au Second Empire. Pourtant, à l'époque de Napoléon III, ce confident à deux places faisait grand effet, à l'instar de son proche cousin à trois places : l'indiscret. Très impliquée dans la création du style Napoléon III, l'Impératrice Eugénie, son épouse a des envies de meubles dits "neufs" - que l'on qualifierait de design aujourd'hui. "Alors que la noblesse est affaiblie, c'est la bourgeoisie naissante qui s'enrichit et se meuble aussi", déclare Madame Fremontier, antiquaire parisienne. Afin d'occuper leur temps libre, les bourgeois développent une autre manière de vivre et de recevoir, tournée vers les conversations utiles, comme futiles. C'est ainsi que vont naître les confidentes, ou siège confident : une "assise féminine typiquement bourgeoise et propice aux causeries." 

Révolution industrielle oblige, ce ne sont plus des ébénistes qui conçoivent les modèles mais des ouvriers, réunis dans les ateliers du Faubourg Saint-Antoine. De cette fabrication 100 % française, si ce n'est parisienne vont naître des châssis réalisés en bois tendres, comme le pin. Vendus sur catalogue, ces derniers sont ensuite tapissés au goût de leur futur propriétaire avec des tissus capitonnés, la soie en tête. Terminés par des pieds en toupie faits de bois noirci et le plus souvent montés sur roulettes, les confidents se déplacent au gré des envies !

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Un châssis d'indiscret au sortir des ateliers parisiens © Fremontier Antiquaires
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Le confident, version canapé © Collection privée de Maria Felix

Dans les années qui ont suivi, le confident a laissé ses dorures et motifs un brin baroques derrière lui. Dépouillé et pour ainsi dire mis à nu dans les années 1930, il surfe sur la tendance et adopte le style Art déco, entre assise façon cannage et un travail du bois graphique à souhait. 

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Confident en hêtre avec détails en bronze © Selency

Depuis la dernière collectionneuse connue du style Napoléon III, "la grande actrice des années 1950 Maria Felix", révèle Madame Fremontier, le confident et l'indiscret sont passés de mode. Toutefois, vous pouvez trouver des modèles d'époque à partir de 2000 euros chez certains antiquaires et, "s'ils sont signés, d'autres avoisinent les 10 000 euros", souffle l'antiquaire. Aujourd'hui revisité par les designers, à l'instar de muller van severen pour Valérie Objects ou le studio portugais Atelier Aveus*, le confident n'a plus rien de chatoyant et la joue minimaliste

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Duo Seat, design Muller van Severen © Valerie Objects
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Chaises d'attente en velours façon confident signées Atelier Aveus* © SixN.Five

Un grand merci à Madame Fremontier, antiquaire à Paris - 5 Quai Voltaire dans le VIIe arrondissement - spécialisée dans le mobilier et les objets d'art du XIXème après 1850 et du XVIIe et XVIIIe siècles, pour son éclairage sur le sujet.