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Un palais de couleur sur la mer

Cette île avait pourtant connu son heure de gloire. Durant les années 1950/1960, elle fut l'égérie de la Jet Set, le rendez-vous des artistes de tout bord qui paressaient sur ses terrasses ensoleillées, et fut parée de mille feux par un homme tombé sous son charme : Paul Ricard. Maisonnettes, villas, hôtel et même théâtre furent bâtis sur ce bout de rocher émergeant au large de Bandol.

Il fallut le flair de ses héritiers pour trouver l'âme qui pourrait redonner vie à cette belle endormie. D'une palette de couleurs insolente, d'un don d'équilibriste et d'une audace sans nom, Carolyn Quatermaine a réussi ce pari.

"J'ai vraiment voulu donner un coup de fraîcheur", avoue la décoratrice anglaise. Exit le style lourd et encombré qui appesantissait l'intérieur de la bâtisse baroque espagnol des années 1960. Carolyn dépoussière le mobilier à coup de couleurs et de tissus bariolés. D'un fauteuil d'époque en bois sculpté, elle fabrique une pièce jeune et moderne en la retapissant de ses créations personnelles. Ecritures, arabesques et fleurs s'impriment sur le coton et le lin avec une audace d'une rare élégance.

Chaque chambre est un univers unique, une déclinaison picturale orchestrée à la manière d'un coloriste jouant de sa palette. Ni ostensible, ni moderniste, la décoration mélange les genres et joue l'équilibriste.

Abordant le décor "avec un regard d'artiste", selon ses propres mots, Carolyn fait vibrer l'espace à la manière d'une partition musicale. Sans jamais surjouer. Dans cette avalanche d'audace, le ton est toujours juste. C'est bien à cela que le talent se reconnaît.