Cocobohème ou l'art d'émerveiller
Quoi d'autre que le monde de l'enfance peut encore nous surprendre ? C'est cet univers à la fois onirique et original que Catherine Fouchard transmet à travers les créations Cocobohème. Rencontre avec une femme sensible qui a toujours un pied dans l'âge tendre.
Vous faites aujourd'hui partie de l'équipe des Paresseuses. Pourquoi avoir accepté de les rejoindre ? Qu'est-ce qui vous a plu dans le concept ?
Ça s'est passé bizarrement... Un dossier de presse m'a été envoyé par l'équipe des Paresseuses il y a deux-trois ans. Elle m'avait repérée dans la presse et avait remarqué mon travail du matériau au naturel, avec une fabrication française. C'est cette démarche qui a intéressé le groupe des Paresseuses. L'idée d'en faire partie m'a plu et quelques mois après, j'étais une "Paresseuse" ! L'intérêt de ce groupe est de pouvoir côtoyer des femmes différentes et de s'ouvrir à des mondes auxquels nous ne sommes pas habituées.
Comment la création de votre marque Cocobohème, en 2006, s'est-elle intégrée dans votre vie de femme ?
J'ai parfois du mal à tout concilier... Toute la vie de famille est embarquée dans l'aventure. Quand je quitte l'atelier, le soir, la porte reste ouverte, comme si j'emportais un peu de travail avec moi.
L'univers de l'enfance semble être votre principale source d'inspiration. Pourquoi ?
Lorsque ma fille est née, il y a quatorze ans, ce fut comme une seconde enfance qui renaissait par le fait d'avoir un enfant. Petite, elle a été ma muse : je fabriquais des meubles pour elle. J'aime ce potentiel d'émerveillement de l'enfant, cela compte dans ma démarche créative et je cherche à retrouver cet émerveillement spontané. Avec un petit rien du tout, un petit machin... Comme par exemple, mes décors pour œilleton en forme de hibou, de caméléon, de poisson-lune, de fleur... Ce petit objet transforme un geste gênant – observer son voisin – en quelque chose de plus sympa ! Cette connivence avec les gens me plaît ; j'aime les toucher dans leur quotidien et susciter un certain ressenti chez eux, de l'ordre de l'intime. J'envisage le design de façon spontanée.
Pour moi, la déco ne doit pas être convenue
Quel est le premier meuble que vous avez construit pour votre fille ?
C'était un berceau en forme de poulette. Nous l'avons construit à partir d'une sorte de grande cagette en bois jaune, avec des pieds croisés et, en guise de proue, une tête de poule. On avait cette impression que le bébé éclosait dedans !
Pourquoi avoir choisi ce nom, Cocobohème ? D'où vient-il ?
Il y a quelques années, j'étais directrice artistique d'une agence. J'avais dessiné des planches d'une collection de verres dont le récipient était désolidarisé du pied. Ça n'a pas été commercialisé. Mais j'avais donné le nom de Cocobohème à cette collection car les couleurs des verres rappelaient celles des bonbons Coco Boer et leur ligne était proche des verres en cristal de Bohème que ma grand-mère gardait précieusement sous clef dans une vitrine. Ce nom sonne comme une petite chanson intérieure. Et quand j'ai créé la marque avec mon mari en 2006, le nom est revenu, de lui-même.
Parlez-nous de la boutique que vous avez ouverte il y a peu dans le quartier de la Goutte d'or à Paris ?
J'ai ouvert ma boutique-atelier dans un quartier qui bouge du XVIIIe arrondissement. Les gens sont contents que je m'y sois installée. En plus d'une boutique, j'essaie d'en faire un lieu à part, dans un quartier à part, avec des expositions et des concerts par exemple.
Un coup de cœur repéré lors de la dernière édition de Maison & Objet ?
Je n'étais pas présente à Maison & Objet pour cette édition de septembre, j'ai souhaité faire une pause dans mes collections et développer plutôt le sur-mesure, le but étant de faire venir les gens dans la boutique. Je travaille ainsi trois textures différentes. La joaillerie lumineuse, tout d'abord, à partir de perles en cristal enfilées dans du fil en inox rigide et de Leds toutes fines. J'en fais des rideaux de perles qui scintillent une fois la nuit tombée. Il y a aussi le bois que je découpe en dentelle. Pour cela, j'utilise un bois de bouleau très fin, lisse et solide, servant dans l'aéronautique. Je me sers de cette technique notamment pour fabriquer des stores japonais et des appliques ; quand la lumière apparaît, des ombres se profilent sur le mur et le résultat est étonnant. Enfin, troisième texture que je travaille en ce moment, le Formica : par un système de gravure, j'attaque la structure de cette matière et j'obtiens quelque chose de très différent de ce que l'on imagine habituellement du stratifié.
Des projets en cours ?
Oui, développer les créations sur mesure. Et c'est déjà beaucoup car il faut faire appel à des techniques particulières et produire pour un usage quotidien. Les objets doivent être lavables par exemple. Ce vers quoi je me dirige, ce sont des objets sur mesure ou en petite série, des choses uniques, pointues pour mettre en valeur l'enfant et sa singularité. J'essaie de me mettre à la place de l'enfant.
Votre couleur préférée ?
Ça change régulièrement ! En ce moment, j'ai une obsession pour le bleu des mers du Sud, un peu cristallin. Peut-être parce que je n'ai pas pris de vacances depuis longtemps...
Votre style déco ?
Je travaille sur les contrastes. C'est donc quelque chose que l'on retrouve chez moi. Je qualifierais mon style déco de bon dosage entre les objets. J'aime bien le XIXe siècle et les tentures mais aussi Le Corbusier : c'est compliqué ! Pour moi, la déco ne doit pas être convenue : j'ai un héritage bourgeois mais je suis une "rebelle" qui vit dans un quartier plutôt populaire. Enfin, je déteste le côté " total look " !
Votre salon, à quoi ressemble-t-il ?
Alors, il y a une grande bibliothèque avec beaucoup de livres, toutes sortes de livres : des livres de cuisine, des beaux livres d'art, des polars, des essais... Il y a deux cheminées qui se font face : sur l'une, j'ai exposé une collection de flacons en verre et sur l'autre, des statuettes africaines. Mon salon est équipé d'un bow-window que j'ai habillé d'une tenture en toile de lin, utilisée généralement pour la peinture. Au plafond, est accroché un lustre original provenant d'un hôtel indien. Mon canapé est rouge et, sur un mur, j'ai mélangé toutes sortes d'objets façon cabinet de curiosités : un coucou suisse, un masque africain, des dessins...
Un mot à dire aux lectrices du Journal des Femmes ?
Quand c'est difficile, il faut passer outre. C'est un peu ma devise. Il est important de s'affirmer en tant que femme et de faire ce que l'on aime.
Principales dates | Evènements |
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Source : Cocobohème | |
1961 | Naissance |
1980 | Entre à l'Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré |
1983 | Intègre le service décoration de Lanvin Parfums |
1986 | Rejoint l'agence Alain Carré |
1991 | Prend la direction du service packaging parfums des Ateliers Dinand |
1993 | Ouvre son propre studio de création 485C |
1998 | Naissance de sa fille Juliette |
2006 | Crée sa maison Cocobohème |
2011 | Ouvre sa boutique-atelier dans le XVIIIe arrondissement parisien |
Site : www.cocoboheme.com
Boutique-atelier : 22 rue de Jessaint, 75018 Paris
Téléphone : 01 42 62 40 60
Horaires : du mardi au samedi, de 11h30 à 19h