Mobilier en bois durable : la preuve par 3 Suisses
Depuis quatre saisons maintenant, les 3 Suisses et moi collaborons pour le développement de nouvelles collections de mobilier. Les plus visibles d’entre elles sont issues de la volonté du VADiste de commercialiser des meubles dans une démarche de "développement durable". La valorisation des bois certifiés FSC est ainsi au cœur de ma démarche créative pour des collections telles que Arbre, Tehotu et aujourd’hui, Recycled.
FSC, un label ambitieux
Ce sigle FSC qui sonne comme le nom d'un club de foot est l’abréviation de Forest Stewardship Council. Il s’agit d’un écolabel géré par une ONG internationale ; il a pour objectif de valoriser la production de bois ou de produits en bois respectant une gestion durable des forêts. Non seulement de manière écologique, mais aussi socialement bénéfique et économiquement viable.
En ouvrant la gestion de la ressource naturelle aux critères humains et économiques, cet écolabel prend, à mon sens, un intérêt tout particulier car il me semble que peu d’avancées écologiques sont possibles sans progrès social ni viabilité économique.
Certes, le label FSC n’est pas sans faille et l’aspect marketing est évidemment présent, mais l’intérêt d’enseignes de grande distribution comme les 3 Suisses pour cette certification amplifie la modification des modes de production dans les usines internationales et des réflexes d’achat des consommateurs.
Une nouveauté bavarde...
Après les collections Arbre et Tehotu, la dernière collection Recycled pousse un peu plus loin le développement durable en recyclant des palettes en pin FSC.
Cela faisait d’ailleurs quelques temps que je voulais travailler les planches de bois recyclé parce qu’elles ont énormément de caractère… et de mérite. Voilà en effet des morceaux de bois qui, très jeunes, ont été malmenés. Ils ont subi des chocs, des griffures, des meurtrissures en tout genre et aujourd’hui, grâce à leur opiniâtreté, ils prennent le devant de la scène. Une mise en scène que j’ai voulue sobre et accueillante pour laisser parler leur histoire.
... et une autre, joueuse
Parallèlement, les 3 Suisses m’ont demandé d’étudier une collection fraîche et colorée. J’ai alors créé la collection Kolorgaz en suivant le fil du dynamisme et du punch. Tous les produits de la gamme ont été travaillés efficacement pour amener une touche de couleur et de graphisme sur des fonctionnalités très actuelles. Par exemple, la bibliothèque joue la modularité extrême sur la base de carrés colorés de 35 cm de côté.
Des contraintes, oui encore !
Ces collections sont nées des différentes demandes des 3 Suisses et de ma réaction à celles-ci. Elles sont le fruit de mes envies face aux nombreuses contraintes liées aux modes de fabrication, à la clientèle de l’enseigne, ses prix et son système de vente, ses fournisseurs, les autres secteurs du catalogue, etc. Des contraintes d’autant plus nombreuses que la diffusion est large et généraliste. Mais des contraintes également source de créativité pour un designer ! En effet, les impératifs de prix, par exemple, obligent à l’ingéniosité pour obtenir un maximum d’effet avec un minimum de moyen.
Au contraire de la croyance commune, les designers sont habitués aux cahiers des charges contraignants. Ils en sont même friands. La page blanche, la "liberté totale", n’existe pas en réalité pour un designer dont les modèles sont fonctionnels, utilisés par d’autres que lui et, le plus souvent, fabriqués par des ateliers qui ont leurs techniques propres. Le talent premier du designer est certainement son adaptabilité aux contraintes !
Bjark Ingel, le fondateur de l’agence d’architecture BIG, a justement inventé le slogan "Yes is more" pour expliquer cette réactivité nécessaire et positive aux contraintes du projet : OUI AUX CONTRAINTES pour rebondir et aller plus loin dans l’originalité et la nouveauté.