Kokedama : tout savoir sur cette jeune pousse de l'art floral japonais

Aussi à l'aise à l'intérieur qu'à l'extérieur, cette sphère de mousse n'est pas qu'ornementale. Qu'on ait la main verte ou non, sa réalisation, apaisante et pas si ardue, est un art en soi au Japon. Comment façonner et entretenir durablement un kokedama ? Réponses et conseils d'expert.

Kokedama : tout savoir sur cette jeune pousse de l'art floral japonais
© Franck Sadrin et Jérémie Seguda

Apparu au pays du Soleil-Levant dans les années 1990, le kokedama c'est cet art floral japonais qui permet de faire entrer la nature à l'intérieur. A mi-chemin entre le bonsaï et l'ikebana, le kokedama est un bon moyen de laisser libre cours à sa créativité végétale, comme l'expliquent si bien dans leur livre éponyme, à mettre entre toutes les mains, qu'elles soient vertes ou non, les deux passionnés Franck Sadrin et Jérémie Seguda, Curieuse d'en apprendre un peu plus, la rédaction s'est entretenue avec ce dernier et voici ce qu'il nous a appris sur le kokedama. 

Qu'est-ce qu'un kokedama ? 

En japonais, kokedama est la réunion de deux mots : koke qui veut dire mousse et tama ou dama qui désigne une balle, une sphère mais aussi une gemme ou un joyau, quelque chose de précieux. Concrètement ? Le kokedama est une sphère de mousse sur laquelle une ou plusieurs plantes vont s'épanouir. Tout droit venu du Japon, ce nouvel art végétal vise à sublimer une plante avec soin et élégance. Traditionnellement, le kokedama se compose d'une ou plusieurs plantes, que l'on dispose dans un substrat, lui-même entouré de mousse. Si cette dernière joue un rôle essentiel, le substrat qui permet aux plantes de se développer tout en conservant cette forme sphérique doit lui aussi être confectionné avec soin. 

Comment faire un kokedama soi-même, façon DIY ? 

Si l'on se réfère à l'approche japonaise, la réalisation du kokedama est très codifiée, c'est un véritable rituel, riche en symboles. Mais il est tout à fait possible de s'initier à ses techniques et méthodes, ou se perfectionner, en prenant des cours ou en assistant à des ateliers spécialisés. Mais, pour Jérémie Seguda, autodidacte de son état, il est tout à fait possible de s'éloigner des règles de l'art et de se lancer tout seul en ne connaissant pour ainsi dire rien. Faire un kokedama soi-même, sans outil particulier n'est pas nécessairement sorcier, il suffit juste d'"apporter un soin particulier aux racines et d'avoir un bout de fil pour faire tenir la mousse !"  

Élément-clé du kokedama, le substrat doit être lié avec un peu d'eau et en voici la recette type : 

  • 4 volumes de Ketoh
  • 2 volumes d'akadama
  • 1 volume de sphaigne

Concernant l'apport d'engrais, plusieurs options s'offrent à vous. Sous sa forme solide, vous pouvez l'incorporer directement dans la terre lors de la confection et, sous forme liquide, vous pouvez le diluer dans de l'eau, l'arroser ou le pulvériser sur la mousse. Le conseil de l'expert ? Veillez à ne pas trop en mettre car il risquerait de griller les racines et diluez-le énormément. Esthétique mais aussi fonctionnelle, la mousse permet de conserver l'humidité du substrat. Voici quelques espèces qui se plaisent bien en kokedama : Rhacomitrium canescens, Hypnum plumaeforme et des variétés de Thuidium. Côté outils, le kit de base imaginé par Jérémie Seguda et Franck Sadrin comprend une serviette, une paire de ciseaux, du fil de coton, une baguette en bois et un brumisateur. 

Avis aux parisiens ou aux personnes de passage sur la capitale, la rédaction ne saurait que trop vous recommander de participer à l'un des ateliers kokedama par Wecandoo, imaginé et dispensé par Gwenaël, co-fondateur d'Ikebanart ascendant artisan passionné et passionnant. Les mercredis, vendredis, samedis et dimanches, offrez-vous une échappée belle végétale. Pendant une paire d'heures, découvrez la technique du kokedama, faites le plein de conseils de pro et repartez avec votre propre kokedama, le tout pour la modique somme de 59 euros. On y était, on a mis les mains dans la terre, on a adoré et voilà le résultat ! 

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Le kokedama réalisé par la rédaction lors d'un atelier Wecandoo avec Gwenaël d'Ikebanart © Julie Guillermet/Journal des Femmes

Quelles plantes et fleurs pour réaliser un kokedama ? 

Si, in fine, il est tout à fait possible d'utiliser n'importe quelles plantes et fleurs pour façonner un kokedama, dans les faits, mieux vaut suivre les conseils de notre expert. Trop fragile pendant la floraison, une plante ne doit pas être utilisée au cours de cette période, exceptions faites des orchidées et plantes grasses. Les végétaux les mieux adaptés à ce type de culture sont des plantes des champs ou exotiques et de la mousse issue des jardins ou trouvée en forêt. Pour les novices, mieux vaut commencer avec des plantes plutôt rustiques. En jardineries par exemple, toutes les plantes vertes présentées en petits godets se plaisent très bien une fois transformées en kokedama. 

Quel entretien pour un kokedama ? 

Alors que la base d'un kokedama mesure en moyenne 10 cm de diamètre, on estime que la plante qui la coiffe fait trois fois la hauteur de la boule, soit 30 cm. Si on veut qu'il vive longtemps et reste élégant et que sa plante ne soit pas en souffrance, un kokedama a donc besoin d'eau, de beaucoup d'eau ! S'il est en intérieur, il convient de l'arroser souvent, tous les deux, trois jours minimum. Et quand on dit l'arroser, en sous-entend le baigner, c'est-à-dire le plonger 5 à 10 minutes dans un récipient rempli d'eau. Ensuite, mieux vaut l'essorer délicatement en le sortant, sinon vous risquez de mettre des gouttes d'eau partout. Au cours de sa vie, le kokedama aura peut-être besoin d'une petite coupe de printemps alors n'hésitez pas à le tailler de temps en temps. Et si vous partez en vacances,  veillez à le placer dans un endroit où le soleil ne le touchera pas directement et dans la mesure du possible, demandez à votre voisin préféré de venir l'arroser. Pour ce qui est du kokedama d'extérieur, mieux vaut faire attention au soleil, au vent et aux oiseaux qui aiment bien picorer la mousse dans laquelle les vers de terre trouvent souvent refuge. En temps normal, on l'arrose comme un kokedama d'intérieur et quand il pleut, on le laisse vivre sa vie. 

Où acheter un kokedama ? 

Si vous cherchez des kokedamas tout fait, certains fleuristes spécialisés dans l'art floral japonais en proposent de très beaux. Et vous pourrez aussi trouver votre bonheur en boutiques chez Truffaut et Nature & Découvertes ou à la boutique-atelier Aquaphyte, située au 87 de la rue Félix Faure à Colombes, près de Paris. En ligne aussi, la plateforme de créateurs Etsy regorge de jolis spécimens. Pour ce qui est du matériel, la boutique en ligne Maillot Bonsaï vend des outils de grande qualité, importés du Japon, à l'instar de fils naturels semblables à la mousse ou des petits arbustes style érables japonais. De quoi façonner un kokedama qui sort de l'ordinaire. 

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Kokedama, un livre de Franck Sadrin et Jérémie Seguda, aux Editions Ulmer : 19,90 euros © Franck Sadrin et Jérémie Seguda