Comment bien éclairer son intérieur ?

Parce que la lumière est essentielle à l'harmonie de notre intérieur, il est important de connaître les règles et les caractéristiques de l'éclairage et des luminaires adaptés à chaque pièce de la maison. Décodage éclairé avec Isabelle Arnaud, spécialiste de la question et auteur du livre "Eclairage intérieur".

Comment bien éclairer son intérieur ?
© Elodie Rothan

Journal Des Femmes : On ne songe pas toujours à travailler son ambiance lumineuse lorsque l'on aménage sa maison : pourquoi faudrait-il y consacrer du temps et de la réflexion ? Qu'est-ce qu'un éclairage bien construit peut apporter à l'espace ?
Isabelle Arnaud : On a trop souvent tendance à penser que la lumière va de soi, parce qu'au demeurant, elle est naturelle. Mais lorsque la nuit tombe, nos besoins restent les mêmes, il faut donc que l'éclairage artificiel puisse nous apporter un confort équivalent, tant sur le plan physiologique qu'esthétique, sans pour autant négliger l'aspect écologique. Beaucoup de choses difficiles à réunir au sein d'une même technologie ? Pas tant que ça, bien au contraire.

Tout d'abord, une précision de vocabulaire essentielle : on appellera ici "lampe" ce que chacun nomme "ampoule". En effet, l'ampoule n'est que l'enveloppe de verre vide qui ne saurait éclairer. Il existe trois grandes familles de lampes :

  • les incandescentes (à filament et désormais interdites), dont les halogènes font partie,
  • les fluorescentes : fluocompactes qui se substituent aux incandescentes et tubes fluorescents (qu'on appelle à tort "néon"),
  • les diodes électroluminescentes, plutôt connues sous le nom de "leds".

Quel que soit le type de lampe choisi, il faut veiller à disposer d'un niveau suffisant d'éclairage qui évite une fatigue inutile, voire des accidents domestiques et aide à compenser les déficiences visuelles. C'est une erreur de penser que, parce qu'on a une bonne vue, ce n'est pas la peine d'allumer : notre acuité visuelle n'arrive à maturité que vers l'âge de 20 ans et elle décroît vers 40 ans !

L'idéal est de prévoir, dès l'aménagement de votre intérieur, plusieurs types d'éclairage dans chaque pièce, de façon à pouvoir le moduler en fonction de vos besoins et de l'ambiance que vous recherchez. Par exemple, il est préférable de pouvoir bénéficier d'un éclairage central (plafonnier, lustre) et de plusieurs éclairages localisés (lampadaires sur pied, appliques, lampes à poser) avec des commandes distinctes et des systèmes de variations. Ainsi, selon l'activité pratiquée, préparation culinaire, lecture, repas, etc., et l'atmosphère recherchée, chaleureuse, vivante, intimiste, vous pourrez à tout moment adapter votre éclairage sans rien changer à votre aménagement.

Suspension en verre fumé © Cécile Debise/Journal Des Femmes

L'ambiance lumineuse varie en fonction de la pièce : quels sont les principes généraux à suivre pour bien éclairer les différentes pièces ?
Avant de sélectionner le luminaire (appareil d'éclairage), il faut réfléchir au type de lampe que vous voulez utiliser. Ce choix est fondé sur un certain nombre de critères : le flux lumineux, la durée de vie, l'indice de rendu des couleurs et la température de couleur. Ces informations sont disponibles à tout un chacun, il suffit de savoir où les trouver. Nous ne détaillerons pas ici les caractéristiques des lampes incandescentes (Edison) classiques car la convention d'application du Grenelle de l'environnement, signée le 23 octobre 2008, prévoit le retrait progressif de la vente de ces lampes d'ici 2012.

Comment connaître les valeurs de chaque critère ?
Depuis 2000, les lampes de plus de 4 W destinées à l'habitat comportent une étiquette informative apposée sur l'emballage. Celle-ci donne :

  • la classe d'efficacité énergétique (comme pour l'électroménager) : de A (très économique) à G (très énergivores) ;
  • la classe d'efficacité énergétique (comme pour l'électroménager) : de A (très économique) à G (très énergivores) ;
  • le flux lumineux de la lampe indiqué en lumens : quantité de lumière émise par la lampe ;
  • la puissance en watts (W) ;
  • la durée de vie de la lampe en heures : les lampes halogènes ont une durée de vie de 2 000 à 4 000 heures selon les modèles, les lampes fluorescentes de 4 000 heures à 15 000 heures, les leds jusqu'à 50 000 heures pour les lumières blanches.

Les autres critères :

  • l'indice de rendu des couleurs (IRC) traduit la capacité d'une lampe à restituer les couleurs. Sa valeur maximale est de 100 (toutes les lampes halogènes) ;
  • la température de couleur indique l'apparence de la couleur de la lumière émise par une lampe. Inférieure à 3 300 K (kelvins), elle est dite "chaude" (lampes halogènes), entre 3 300 K et 5 300 K, on parle de teinte intermédiaire et au-delà de teinte froide.

Généralement, les lampes fluorescentes sont conseillées dans la cuisine avec un éclairage central et plusieurs éclairages localisés, par le biais de spots notamment au-dessus du plan de travail, sous les étagères, au-dessus de la table.

Dans le séjour, on peut (doit) jouer avec les ombres et les lumières :

  • en associant plusieurs types d'éclairage : direct (émission de la lumière vers le bas), indirect (émission de la lumière vers le haut) ou les deux ;
  • en installant des luminaires différents : appliques, suspensions, lampadaires sur pied, lampes à poser ;
  • en mettant en œuvre des systèmes de variation ;
  • en disposant de commandes distinctes pour modifier les ambiances au gré de son humeur.

Dans les chambres, ne négligez pas l'éclairage général que l'on peut commander dès l'entrée, même s'il ne reste allumé que quelques minutes. Si la pièce comprend un bureau, il vaut mieux disposer d'un éclairage spécifique comme une lampe à poser. Et bien entendu une ou deux lampe(s) de chevet sont indispensables.

Eclairage original de la chambre, avec des spots © Cécile Debise/Journal Des Femmes

Attention à l'éclairage de la salle de bains : son installation est l'affaire d'un électricien, ne bricolez pas vous-même, les règles de sécurité sont très précises. Pensez au miroir au-dessus du lavabo : pour le rasage ou le maquillage, il faut un éclairage ! De préférence latéral, pour éviter les ombres portées et avec un très bon IRC (supérieur à 80).

Suspensions, appliques, lampes à poser : quelles sont les caractéristiques de ces luminaires et quelles sont les qualités de chacun ?
Le type de luminaire est surtout fonction de votre aménagement, mis à part les "grands classiques", comme des plafonniers en éclairage général dans les circulations, les toilettes, la salle de bains et la cuisine.

  • Les appliques peuvent créer un éclairage indirect agréable dans les circulations et le séjour où elles créeront une ambiance confortable et pourront redessiner les volumes ou encore mettre en valeur un tableau en éclairage direct, par exemple.
  • Les lampadaires sur pied dotés de lampes de fortes puissances, en lumière indirecte, procureront au séjour un éclairage général, si possible à variation pour en moduler l'intensité selon le moment de la journée.
  • Les lampes à poser, quant à elles, sont recommandées pour l'éclairage localisé, des plantes, de tableaux, de sculptures, et bien entendu des bureaux.
  • Les suspensions sont idéales au-dessus de la table à manger, en système monte-et-baisse, ou en lustre dans la salle à manger.

Dans tous les cas, pensez à vérifier le culot et la puissance de la lampe de votre luminaire lors du changement de celle-ci. Pour les luminaires équipés de plusieurs lampes, veillez également à choisir les mêmes températures de couleur.

Pourriez-vous nous donner quelques astuces pour réaliser facilement un bel éclairage ?
Plutôt que "bel éclairage", il est vaut mieux raisonner en "bon éclairage" qui doit vous permettre de bien voir mais aussi de créer des ambiances différentes. Aujourd'hui, des appareils à leds commencent à être disponibles pour l'habitat, offrant des lumières d'accentuation colorées ou blanches qui peuvent transformer complètement un séjour au gré de vos humeurs.

N'hésitez pas à jouer sur les détails : des petits tubes fluorescents par exemple, disposés sur des étagères ou dans des boîtes à rideaux pourront mettre en valeur des vitrines, des objets ou souligneront un élément architectural d'une pièce ou encore reliés à l'ouverture d'une porte de placard, ils vous éviteront de chercher l'interrupteur lorsque vous avez les bras chargés.

Attention à l'éclairage des plantes : il est préférable de placer le luminaire à plus de 30 cm et d'utiliser des lampes fluocompactes qui dégagent moins de chaleur que les halogènes.

Dans la chambre d'enfant ou de bébé, même recommandation, les halogènes chauffent, il donc conseillé d'utiliser des fluocompactes et évitez les lampadaires sur pied ou les lampes à poser susceptibles de tomber ; mieux vaut installer des appliques, des plafonniers, des suspensions avec des systèmes de va-et-vient qui permettent d'allumer et d'éteindre de plusieurs endroits de la pièce. (En savoir plus sur l'éclairage d'une chambre de bébé)

Pensez aux automatismes : le détecteur de présence installé à l'entrée du garage, de la cave, du grenier, de l'atelier, déclenchera l'éclairage dès que vous pénétrez dans la pièce et s'éteindra après que vous l'ayez quitté, vous évitant des consommations superflues en cas d'oubli. Vous pouvez installer le même système dans le jardin ou au portail de la maison.

Quels sont les écueils à éviter absolument en matière d'éclairage ?
Vous voulez faire des économies ? N'éteignez pas votre éclairage, votre santé et votre sécurité en dépendent. Choisissez plutôt des lampes à haute efficacité énergétique comme les fluocompactes dont le culot s'adapte parfaitement à vos luminaires prévus pour lampes incandescentes.

Ne changez pas vos lampes sans couper le circuit. Attendez que la lampe refroidisse. Ne mettez pas la lampe en contact avec l'eau, nettoyez-la avec un chiffon humide. Ne rétablissez le courant que lorsque la lampe est de nouveau en place.

(Propos recueillis auprès d'Isabelle Arnaud, auteur du livre L'Eclairage intérieur aux éditions Eyrolles)