Le designer Mathieu Lehanneur "Travailler sur des projets différents est une force et un vrai plaisir"

le 'labobrain' de david edwards
Le "Labobrain" de David Edwards © Fabien Thouvenin

Vous prenez part à de multiples projets très hétéroclites. Est-ce important pour vous de ne pas être cantonné à un seul domaine ?

C'est effectivement très important. Cela m'a permis de retrouver un peu ce que j'avais découvert au début sur les scénographies : il faut entrer dans l'univers de la personne à exposer mais également du thème. Pouvoir travailler sur des projets si différents est une vraie force et un vrai plaisir. Cela me permet d'arriver avec un regard neuf à chaque fois. Je trouve que c'est là qu'on est le meilleur, en s'immergeant dans des nouveaux domaines. Comme ça, nous ne sommes jamais dans une logique de reproduction, de réitération d'une forme.

Y a-t-il un fil conducteur à l'ensemble de vos projets ?

Le fil conducteur est de se reposer à chaque fois la question de l'utilisateur, non pas en termes de cible, mais de manière plus approfondie et plus scientifique. Il faut analyser la réalité de ce qui se produit dans une tête de manière analytique. C'est cette compréhension là qui construit le projet. Les projets sont ainsi tous différents car le point de départ est l'être humain dans toute sa complexité. A l'inverse du marketing qui est pourtant incontournable aujourd'hui, j'adopte une démarche scientifique : l'exception doit être aussi importante que la masse. Il faut éviter d'apporter des réponses simplistes. Je ne comprends rien aux sciences mais je me dis parfois que j'aurais aimé être médecin. J'ai finalement une position analogue : faire un diagnostic et créer les remèdes ou médicaments adaptés.

"Le point de départ de chaque projet est l'être humain dans sa complexité"

Vous considérez-vous comme un électron libre dans le domaine du design ?

Je ne me pose pas cette question dans mon quotidien. Je ne me demande pas comment je suis perçu. Nous avons de nombreux projets et des retours positifs. D'ailleurs je ne pense pas grand-chose du domaine du design, car je ne vois pas un "design" que je pourrais définir. Ce que nous avons remarqué, c'est que nos projets sont toujours immédiatement compris. Ils peuvent parfois être novateurs, ce ne sont pas des choses futuristes, réalisables uniquement dans 20 ou 30 ans. Nous ne sommes pas à côté de la plaque, nous avançons avec ce qu'il est possible de faire, ce que le marché est prêt à recevoir.

Quels sont vos autres projets à court et moyen termes ?

Il y a l'atelier des ados et des enfants au Centre Georges Pompidou, l'aménagement des bureaux pour l'agence de publicité GWT, un projet de café art/sciences sur le campus d'Harvard avec David Edwards... Nous travaillons aussi sur des projets avec Nespresso ou encore JC Decaux... Il faut arriver à tout faire parallèlement, mais heureusement je ne suis pas tout seul. Mes collaborateurs sont responsables de projets et ensuite, il faut faire avancer les choses. C'est épuisant mais c'est bon.

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