Le Corbusier : une expo à la mesure de l'homme

Le Centre Pompidou consacre une rétrospective inédite à Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier. A la fois architecte, urbaniste, peintre et sculpteur, il a fortement marqué l'habitat du XXe siècle, notamment à travers sa vision de la "mesure de l'homme".

2015 marque le 50e anniversaire de la mort du Corbusier, l'un des plus grands architectes du XXe siècle. Jusqu'au 3 août, à travers près de trois cents oeuvres, le Centre Pompidou revient sur sa carrière en la centrant sur la figure humaine. Car l'homme a toujours été présent dans les travaux du Corbusier, que ce soit dans les domaines de l'architecture, du design ou des arts plastiques ; il n'a pas seulement imaginé et fait construire des bâtiments connus et du mobilier iconique, il a également largement dessiné, peint et sculpté. Les Cités Radieuses à Marseille et Rezé, la Villa Savoye à Poissy, la capitale du Punjab, Chandigarh, ou encore la chaise longue et le fauteuil LC3 sont autant d'oeuvres associées à son nom et devenues des classiques. Mais on ignore souvent les sources de ces projets. De quelles réflexions sont-ils nés ? Comment Le Corbusier a-t-il imaginé, avec ses contemporains et amis, cette perception de l'habitat, si moderne au début du XXe siècle ? C'est ce à quoi l'exposition "Le Corbusier - Mesures de l'homme" se propose de répondre en revenant sur le statut du corps dans l'espace.

En 1918, Le Corbusier écrit dans Après le cubisme, manifeste du mouvement puriste qu'il a créé avec Amédée Ozenfant : "Il y a une hiérarchie dans les arts : l'art décoratif est au bas, la figure humaine au sommet." Ainsi, après avoir peint de nombreuses natures mortes représentant des "objets-thèmes" (livres, pile d'assiettes, bouteille, guitare...) déclinées en de nombreuses variations, Le Corbusier concrétise ses premières réflexions sur l'habitat idéal pour l'homme avec la construction du pavillon de l'Esprit nouveau, en 1925, dans le cadre de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs à Paris. Avec son cousin et associé Pierre Jeanneret, il fera édifier dans les années 1920 de nombreuses villas s'appuyant sur les cinq points qui caractérisent selon eux l'architecture nouvelle : pilotis, toit-jardin, plan libre, fenêtre en longueur et façade libre. En 1943, il place l'homme au coeur d'un nouveau système de mesure appelé le Modulor. Peu à peu, on voit se dessiner sur ses plans et croquis d'habitations - que ce soit des espaces privés et maisons individuelles ou de vastes habitats collectifs - cette unité de mesure à forme humaine, de la taille d'un homme moyen, soit 183 cm ou 226 cm le bras levé. L'architecture devient alors à la juste mesure de l'homme, adaptée au mieux à son corps et son mode de vie. 

La figuration humaine se retrouve également dans la peinture et la sculpture du Corbusier. Dans les années 1930, des corps sont associés aux "objets-thèmes" sur ses tableaux, tandis que la femme fera plus tard son apparition, à travers une silhouette récurrente, généreuse et colorée. Puis, dans les années 1940, des personnages aux oreilles démesurées ("Ubu" et "Ozon") apparaissent sur ses toiles et sont déclinées en sculptures. Enfin, c'était sans compter sur les pièces de mobilier, emblématiques aujourd'hui, qu'il a conçues avec Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand dans les années 1920 : réglables, adaptables et enveloppants, ces meubles sont en parfaite adéquation avec le corps humain. Une exposition pour les passionnés du Corbusier donc, et qui nous donnerait envie, après la visite, de méditer tranquillement sur sa fameuse chaise longue...

  • Où ? Au centre Pompidou, à Paris
  • Quand ? Jusqu'au 3 août 2015 (tous les jours sauf le mardi)
  • Site : www.centrepompidou.fr